Par Jean Yves Perrouin
Ce livre est d’une telle qualité, d’une telle richesse qu’il devrait être le « vade-mecum » de tous les enseignants soucieux de l’accomplissement de leur mission, mieux de leur vocation, et des responsabilités qu’il implique. J’ajoute qu’il devrait être aussi le livre de chevet de tout ministre de l’Education nationale en exercice.
Il s’agit d’un ouvrage collectif constitué de plusieurs chapitres écrits par des auteurs différents qui se complètent et se répondent en une symphonie efficace. Les titres de ces chapitres indiquent déjà clairement dans leur succession ce que doit être un projet éducatif. Le titre de l’introduction générale donne déjà le ton : « C’est toujours une personne qu’on éduque… ». Le chapitre 1 s’intitule : « Une éducation intégrale au service d’un humanisme intégral. » avec une citation de Jacques Maritain : « un humanisme anthropocentré n’est pas humain » tant il est vrai qu’un humanisme intégral se doit d’être « théocentré » ! Le chapitre 2 traite magnifiquement la question essentielle de l’altérité. Un exemple de sous- titre « Qui nous fera accéder à l’expérience de l’autre ? ». Le chapitre 3 s’intitule « La fraternité à l’épreuve de l’école » avec un sous-titre « parole et présence » qui annonce dans sa riche concision le chapitre 5 qui traite de « L’importance de la parole ». Ce survol de la table des matières est déjà très éloquent ! Une citation encore qui illustre bien la démarche commune des auteurs « Au cœur de toute relation éducative se trouve la fécondité des rencontres de personne à personne ». Enfin il faut absolument mentionner ce constat d’une importance capitale, je cite : « La mission éducative est aujourd’hui bousculée par l’irruption rapide d’un « techno-logos » sorte de contrefaçon du « verbe éducateur », ce qui inspire à l’auteur ce précieux commentaire : « Il apparait essentiel de repartir de l’énigme du sens avec les élèves et de ne pas feindre d’ignorer cette question. »
Un regret, peut-être, même surement, qu’une pratique de la philosophie n’ait pas été convoquée explicitement, même si tout le parcours de l’ouvrage est sous tendu par une telle pratique ! Il s’agit bien d’une pratique c’est-à-dire d’une « praxis » à la façon de Socrate tant il est vrai « qu’on ne peut pas apprendre de philosophie, seulement à philosopher » Emmanuel Kant « Critique de la raison pure »
Ce livre encore une fois splendide est un plaidoyer ardent et fort bien documenté pour une éducation qui ne saurait se limiter à la transmission d’un savoir, voire à l’acquisition de compétences mais qui exige un apprentissage au « savoir être » pour faire advenir la personne.
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