« Il faut relire Havel », propose, en son nom personnel, Jean-Yves Perrouin
Membre de notre équipe et marqué par certaines prises de position de responsables politiques internationaux
Si la guerre en Ukraine n’a pas fini, hélas, de se dérouler, elle n’a pas fini non plus de nous délivrer tous ses enseignements. Pour justifier l’injustifiable Poutine s’appuie sur un énorme mensonge « criant de vérité » si j’ose dire ! Avec lui la Russie renoue avec ses vieux démons de l’époque soviétique, voire même tsariste. Ce mensonge les russes sont tenus d’y croire et de le célébrer comme la vérité, faute de quoi ils s’exposent à la répression sous toutes ses formes, prison, torture, exécution. Dans ses « Essais politiques », publiés chez Calmann-Lévy, Vaclav Havel écrit p.88 : « Si le support fondamental du système (poutinien aujourd’hui) est « la vie dans le mensonge », il n’est pas étonnant qu’il voie sa menace fondamentale dans « la vie dans la vérité » ? C’est pourquoi il doit la poursuivre et la réprimer plus durement que quoi que soit d’autre ». Les moyens de communication actuels nous mettent sous les yeux les fruits de « la vie dans le mensonge ». Mais malheureusement les russes ne sont pas les seuls à savoir ce qu’il en est de « la vie dans le mensonge ». En ce moment même perdurent encore les graves conséquences de ce mensonge américain annoncé solennellement à l’O.N.U. pour justifier la guerre en Irak. Les anglais n’ont pas fini d’ouvrir les yeux sur « les mensonges autour du « Brexit » accablant Bruxelles de tous les abus contre les intérêts du Royaume-Uni. » comme les évoque Paul Valadier dans son article paru dans « Etudes » d’avril dernier intitulé « Une paix hybride ». Il ajoute : « D’où l’on voit aussi que la question de la vérité n’est pas seulement une question académique mais qu’elle est un réel problème politique de la plus haute importance. ».
Dans un article paru dans La Croix du 21 Février 2012, le jésuite Henri Madelin faisant l’éloge de Vaclav Havel qui vient de mourir n’hésite pas à écrire : « la conséquence du fonctionnement idéologique dans une société civile verrouillée en est « l’indifférence », cette lèpre des régimes qui installent le mensonge à tous les niveaux ». La désaffection du politique que tous les politologues constatent aujourd’hui en France ne serait-elle pas prémonitoire ?
Voilà qu’aujourd’hui on vient de passer en très peu de temps de ces mensonges annoncés et proclamés devant le monde entier à « la bombe atomique invisible » selon l’expression de la journaliste philippine, prix Nobel de la paix, Maria Ressa. Dans son livre « Résistez aux dictateurs » elle écrit : « au cours des dix dernières années j’ai observé et décrit la croissance du pouvoir quasi divin de la technologie qui a permis à un virus de mensonges de nous contaminer tous, de nous dresser les uns contre les autres, de déclencher, voire de créer, nos peurs, nos colères et nos haines et d’accélérer l’ascension de régimes autoritaires et de dictateurs à l’échelle planétaire. Dés 2018, des études ont révélé que les mensonges mêlés de colère et de haine se répandent plus vite et plus loin que les faits. Sans fait, il n’y a pas de vérité. Sans vérité, il n’y a pas de confiance. Sans faits, sans vérité, et sans confiance, il n’existe pas de réalité commune et la démocratie telle que nous la connaissons, de même que toutes les entreprises humaines, est morte » Henri Madelin dans ce même article en parlant d’Havel écrit : « Ce moraliste ne craint pas de dire à cette époque que la situation de son pays est comme le symptôme dans un petit pays de ce qui peut se passer en grand dans les démocraties opulentes de l’Ouest européen ».
Amnesty International vient de publier un documentaire très documenté intitulé « Cybersurveillance » qui donne la parole aux experts et aux personnes visées par cet espionnage numérique parmi lesquels on trouve des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes.
Maria Ressa dit encore dans son livre qui vient de paraitre : « Il faut agir vite. » Cette action est de la responsabilité de tous et de chacun. A chacun d’être témoin de la vérité, ce à quoi il ne faut jamais cesser de s’entrainer. Cet entrainement devrait commencer dés le plus jeune âge et faire l’objet d’une réflexion pratique en philo. On ne redira jamais assez l’importance de l’Education au sens le plus riche du terme. Il faut lire et relire Havel mais plus encore lire et relire l’Evangile, le méditer, le prier lorsque le Christ nous dit « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie. La Vérité vous rendra libre »