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Passer de la peine à la sanction : chemin obligé vers une société harmonieuse et sûre

Colloque Fondation Jean Rodhain, Lyon 2022

 La société considère trop souvent la souffrance de l’auteur d’un crime ou d’un délit comme la seule réponse/réparation possible face à la douleur de la victime. Sans doute influencée par une conception doloriste du christianisme, elle va même parfois jusqu’à considérer l’expérience de la souffrance comme une expérience salvifique pour l’auteur lui-même. L’utilisation courante du mot peine est symptomatique de cette conception. Or, cet accent excessif mis sur la souffrance nuit à l’estime de soi qui est un préalable nécessaire au relèvement et à la remise en marche des personnes.

Un changement de paradigme apparait aujourd’hui nécessaire pour désolidariser la notion de punition de celle de violence volontairement infligée. Réfléchir en termes de sanction plutôt qu’en termes de peine peut y contribuer. S’il comporte l’idée d’un obstacle, d’un non catégorique prononcé devant un comportement inadmissible, le mot sanction ouvre, contrairement au mot peine, la possibilité d’un chemin. Si subir une souffrance maintient dans une forme de passivité, se voir signifier un non peut rendre actif. Face à l’évènement que constitue ce non, la personne est appelée à mobiliser ses forces et à s’auto déterminer.

Ainsi conçu, le temps de la sanction acquiert une toute autre dimension et la manière de le vivre se trouve radicalement bouleversée. Là où, compris comme une peine, il condamne le présent à l’inutilité, à une forme de stérilité, compris comme une sanction, il fait de ce présent de la détention un temps de passage, utile et potentiellement fécond.

Le système judiciaire et l’administration pénitentiaire ont pour objectif la réinsertion des personnes dans une logique de lutte contre la récidive et visent à ce que la personne ne fasse plus parler d’elle. Or, si la lutte contre la récidive est un objectif louable, limiter la réinsertion à cet objectif semble un horizon bien peu ambitieux aux yeux de ceux qui aujourd’hui conçoivent une justice restaurative. Le véritable objectif serait d’ouvrir un chemin vers une authentique réconciliation qui permette de rétablir du lien entre auteur, victime et société.

L’infracteur retrouvant un droit à la parole est alors un acteur de ce rétablissement. Toute loi est objet d’interprétation ; les articulations entre appareil législatif, appareil judiciaire et administration pour produire et exécuter la sanction la mieux adaptée à celui qui l’exécute, à la victime, et à la société méritent d’être discutées. Dans ce débat, même la parole de l’infracteur doit être entendue.

Télécharger l’acte complet « Passer de la peine à la sanction : chemin obligé vers une société harmonieuse et sûre  » (PDF) : Colloque fondation lyon 2022

 
 

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