- Séminaire : Vulnérabilité et innovation sociale
- Session IERP/Chaire Rodhain : Innovation sociale et vulnérabilité
- L’engagement des prophètes d’Israël en faveur de la justice sociale et sa continuité au cœur du message évangélique
- La force des projets visionnaires ou : Quand la vulnérabilité rend fort.
- La visée du bien commun un défi de la vulnérabilité : le cas France Telecom
- Vidéo : Rencontre avec Urpîcha Peru
Tous les intervenants qui ont accepté de participer à cette session ont une « histoire » avec ces deux termes. Ils font partie de leur quotidien de vie, de travail, de réflexion, d’analyse et ce parfois depuis plusieurs dizaines d’années, parfois beaucoup moins simplement parce qu’ils sont encore très jeunes !
Nous les avons rapprochés parce qu’ils sont porteurs d’image contradictoire. Si Mgr Pascal Ide nous dira ce soir que la vulnérabilité peut être positive, elle est le plus souvent porteuse d’une image négative, de faiblesse temporaire mais aussi durable et parfois même congénitale. En revanche le mot innovation est lui porteur d‘une image dynamique. L’innovateur est un créateur, un porteur d’idées, de projets, on l’imagine en pleine santé, avec un regard neuf sur le monde et enthousiaste pour l’avenir.
Pourquoi donc les rapprocher ? Vous allez-nous le dire, que vous soyez intervenants ou auditeurs car nous attendons bien sur vos questions et vos observations. Mais pour introduire nos débats posons un peu le problème
Vous avez constaté que nous parlerons d’innovation sociale, l’ajout de cet adjectif n’est pas innocent, bien qu’il ne soit pas récent. Cela fait désormais pres de 40 ans que les institutions internationales, dont la commission européenne, estiment que l’innovation sociale préside à toute forme d’innovation, puisqu’il s’agisse de biens ou de services, l’innovation doit répondre à un besoin, pour que le destinataire s’approprie l’innovation, qu’il la fasse sienne. Lorsqu’un bien ou un service est présenté sur le marché, c’est une évidence, mais lorsque l’on ne se situe pas dans le monde marchand, il en est pourtant de même…. C’est là tout l’enjeu de la réflexion, qu’il s’agisse d’un porteur de projet ou d’un chercheur qui analyse des situations qui lui paraissent problématiques.
A la différence de nombreuses innovations technologiques qui doivent trouver leur financement et leur clientèle sur le marché, une innovation sociale s’appuie souvent sur un besoin complexe et souvent une demande peu solvable. Parce que le besoin procède souvent d’une pression externe, le processus d’analyse peut provenir aussi bien d’initiatives citoyennes (assos…) que du secteur public ou encore de ceux qui ressentent directement le besoin. Les chercheurs différencieront une réflexion top down ( du haut vers le bas ) ou bottom up (du bas vers le haut) ; Dans les deux cas, le passage de la réflexion à l’action, la concrétisation de l’innovation va supposer dans sa construction théorique (le projet) et dans sa construction pratique (l’organisation et le financement) des relations multipolaires entre acteurs…. Ce qui sous entend priorités concurrentes, divergences de regards, planification temporelle distincte ….. Le dialogue est dès lors beaucoup plus complexe qu’entre un inventeur de génie et ses apporteurs de capitaux.
Mais là où nos échanges deviennent passionnants, c’est lorsque derrière le groupe nominal « initiatives citoyennes », nous n’envisageons plus seulement des associations ayant pignon sur rue, mais des hommes et des femmes dans leur vulnérabilité, lorsque cette vulnérabilité devient la clef de voute de leur dynamique, la base de l’analyse du besoin, le fondement de la qualité de leur réflexion, mais aussi l’origine d’un regard négatif sur une idée qualifiée de bricolage, d’une absence de confiance de la part des partenaires indispensables à la construction du projet .
Le dialogue est donc difficile entre vulnérabilité et innovation sociale et pourtant ….Tous les français connaissent Emmaus et Atd, les noms de leurs fondateurs. Les termes de compagnons et d’ alliés sont immédiatement rapprochés de ces deux organisations. Dans le domaine de la formation, les maisons familiales rurales et Domino sont célèbres bien au delà des frontières de l’hexagone, et vous pourriez citer bien d’autres innovations ou innovateurs sociaux.
Notre objectif tout au long de ces 48 heures, sera d’enrichir nos méthodes d’analyse, nos regards et nos expériences via un dialogue et une réflexion commune entre tous ceux qui nous font l’honneur de venir travailler dans cette session de rentrée de l’IERP.